Article de M. PELGAS Alain (SVH)

Historique de la charte de Fondation

Au Moyen-âge, nombreuses étaient les contestations au sujet de l'ensemble des droits (droits usages, héritages, donations, bornage de terres, ...).

A chaque procès ou litige pour prouver son bon droit, on se devait d'en apporter la preuve (titre, charte, ...) et afin de ne pas abîmer les originaux, on établissait des copies appelées vidimus.

Le clergé, plus que tout autre, gardait précieusement ses archives. Un prêtre pouvait rester des dizaines d'années en charge d'un village.

Le nouveau curé, nommé après un décès ou suivant un changement d'affectation, n'était pas toujours bien au fait des biens qui appartenaient à l'église du lieu.

Il lui fallait éviter d'altérer les biens du clergé, car ils procuraient les revenus de la cure.


La dernière trace du parchemin original de la Charte remonte au 19 Prairial an onze de la république (8 juin 1803), où le citoyen David a remis entre les mains du citoyen Parizot différents papiers concernant les droits de cette commune dont "un lambeau de la charte primitive" (A Dep Microfilm 1 Mi 1671).

La Charte primitive avait donc disparu.

Quarante ans plus tard, en 1843, lorsque le curé Jean Baptiste Eloi LERICHE remit aux architectes Emile TRELAT et Ernest MANGEON les papiers conservés au presbytère, ils étaient déjà dans un état lamentable. Dans la notice (1) publiée par ces architectes, on peut lire : "une longue série de pièces avariées et rongées par les rats".

Les restaurations de l'Eglise, entreprises à partir de 1861, mirent au premier plan Villeneuve-le-Comte.

Courant octobre 1866, Mr Louis Achille VIRE, membre de la Société Archéologique de Seine et Marne, section de Coulommiers, au cours d'une visite à Vileneuve (on ne sait pas si cette visite eut lieu de son propre chef ou bien à la suite d'une invitation de l'Abbé Leriche, érudit et qui fit tant pour le classement de l'église), retrouve dans les papiers du presbytère le reste de deux vidimus de la Charte, des fragments de l'obituaire et divers papiers.

Remarquant l'intérêt historique des vidimus, il les recolle sur du papier cartonné.

Le président de la société historique, Mr Anatole Dauvergne, les présente au cours de l'assemblée des sociétés savantes à Mr Félix Bourquelot (Professeur à l'école des Chartes) qui, à l'aide de ces deux vidimus, reconstitua l'intégralité de la Charte d'origine.

Ce travail fut effectué par un de ses élèves, Mr Héron de Villefosse.

On ne sait pas quand et comment ces documents furent acquis par Mr LEBLONDEL, imprimeur et surtout membre de la Société historique, mais à son décès, son immense collection personnelle fut léguée aux Archives Départementales. Ces deux vidimus sont aujourd'hui conservés sous la cote E1956/1 et 2.

La Charte de Fondation de Villeneuve le Comte n'est pas la première en la matière. Elle est basée sur le modèle de la Charte de BEAUMONT (2), à laquelle on apportait les modifications et adaptations rendues nécessaires suivant les particularités de la nouvelle ville créée.

La Charte de fondation a été reconstituée et traduite par différentes personnes/écoles :

1 -  Mr Héron de Villefosse, élève à l'école des Chartes,

2 -  Université de Paris Faculté des lettres (1952/53),

3 -  Service éducatif des archives départementales (N°16.17.18),

4 -  Mr Dominique Lege, (Maîtrise Histoire) (3)

5 -  partiellement par L. Michelin et P. Maréchal

Ces traductions latines ou plutôt ces reconstitutions dégagent un consensus général.

Quant aux traductions françaises, le sens général des articles est conservé. Néanmoins certaines traductions diffèrent par le vocabulaire et le phrasé employé selon que le traducteur ait voulu donner une traduction contemporaine à l'époque de la création, ou qu'il ait voulu moderniser son texte pour le rendre plus compréhensible.

(1) Notice sur une église de campagne, Notre Dame de Villeneuve le comte, par Emile Trelat et Ernest Mangeon. Imprimerie de Bourgogne, 30 rue Jacob à Paris en 1845.

(2) E. Bonvalot (Charte de Beaumont, édité en 1883)

(3) La fondation de Villeneuve le Comte et la création de son terroir (1993/1994).